Miss France: un centenaire sans public mais avec un jury d’ex-Miss
La cérémonie Miss France 2021 qui marque le centenaire des concours de beauté en France a débuté samedi soir au Puy-du-Fou dans un contexte inédit en l’absence de public mais avec l’indéboulonnable Jean-Pierre Foucault.
En direct sur TF1 depuis 21H05, et sous mesures sanitaires drastiques, 29 candidates de 18 à 24 ans sont en lice pour succéder à Clémence Botino, 23 ans, Miss France 2020 et Miss Guadeloupe 2019.
Diffusée depuis le Grand Carrousel du Puy-du-Fou (Vendée), l’élection se déroule avec seulement 400 personnes, candidates, techniciens et employés préalablement testés négatifs au coronavirus. Placées dans une “bulle Covid”, les Miss ont enchaîné répétitions et test de culture générale avec masque noir siglé Miss France.
Cette 91e cérémonie est l’occasion de célébrer “un siècle de couronnement, d’élégance, d’engagement et de partage avec les Français”, selon TF1 et Endemol, société de production qui a racheté le concours Miss France à la famille de Fontenay en 2002.
Parmi les plus anciens au monde, le premier concours de beauté français a été créé en 1920 par le journaliste Maurice de Waleffe. La comédienne et danseuse Agnès Souret, originaire de Bayonne, a été la première à remporter le titre de “plus belle femme de France”. Ce n’est qu’en 1928 que le concours a été baptisé “Miss France”.
Tradition oblige, l’animateur vedette, Jean-Pierre Foucault, 73 ans, anime la cérémonie pour la 26e fois. Le jury 2021 est entièrement féminin et composé uniquement d’ex-Miss, comme Muguette Fabris, 80 ans, professeur de mathématiques à la retraite et Miss France 1963.
Geneviève de Fontenay a au contraire décidé de boycotter la cérémonie alors que TF1 et Endemol souhaitaient l’y associer après un long conflit judiciaire réglé en 2013.
“C’est un faux centenaire ! Je suis choquée. C’est en 1927 qu’a eu lieu le premier concours Miss France à la demande à l’époque de Miss Univers. Un centenaire, c’est cent ans !”, a déclaré à l’AFP Geneviève de Fontenay, 88 ans.
Dans une longue lettre “au public”, l’ancienne présidente du comité Miss France se dit “triste de ne pas avoir été contactée pour participer à l’ouvrage sur les 100 ans du concours (…) Triste de ne pas avoir pu mettre ma touche dans ce centenaire des concours de beauté (…) Triste, enfin, de voir l’élection s’éloigner d’un public que j’ai mis du temps à conquérir”.
“A jamais et pour l’éternité, les Miss France d’hier et de demain, seront “mes” Miss. Parce que j’aime profondément ce concours auquel j’ai dédié ma vie”, conclut la dame au chapeau.
“Je serai devant ma télévision, dans ma cuisine”, a-t-elle fait savoir quelques heures avant le début de la cérémonie dans un post Instagram signé “Geneviève, reconnaissante et émue”.
Sylvie Tellier, Miss France 2002 et directrice générale de la Société Miss France, qui a salué l’action de Geneviève de Fontenay dans un livre, a promis de lui rendre hommage au cours de la soirée.
A l’issue de l’élection et pour respecter le couvre-feu, tous les participants, y compris la nouvelle reine de beauté, seront logés dans les hôtels du parc de loisirs transformé en bulle sanitaire.
Un même dispositif étanche avait été mis en place début décembre dans un grand hôtel de Versailles où les prétendantes ont suivi des leçons de maintien et passé un test de culture générale.
Centenaire ou pas, ce concours reste un anachronisme pour beaucoup de féministes. “100 ans de sexisme, ça suffit”, a ainsi lancé Fabienne El-Khouri, l’une des porte-parole d’Osez le féminisme. L’association voit dans cette élection “un concours sexiste et ringard, réduisant les femmes à un rôle de “potiche”.
La dernière élection Miss France a réuni 7 millions de téléspectateurs avec un pic à 8,3 millions, au moment du sacre, selon Rémi Faure, directeur des programmes de flux de TF1.